Namque absentia legati [Suetonii Paulini] remoto metu Britanni agitare inter se mala seruitutis , conferre iniurias et interpretando accendere : nihil profici patientia nisi ut grauiora tamquam ex facili tolerantibus imperentur. Singulos sibi olim reges fuisse, nunc binos imponi, e quibus legatus in sanguinem, procurator in bona saeuiret. Aeque discordiam praepositorum, aeque concordiam subiectis exitiosam . Alterius manus centuriones, alterius seruos uim et contumelias miscere. Nihil iam cupiditati, nihil libidini exceptum. In proelio fortiorem esse qui spoliet : nunc ab ignauis plerumque et imbellibus eripi domos, abstrahi liberos, iniungi dilectus, tamquam mori tantum pro patria nescientibus . Quantulum enim transisse militum, si sese Britanni numerent ? Sic Germanias excussisse iugum : et flumine, non Oceano defendi. Sibi patriam coniuges parentes, illis auaritiam et luxuriam causas belli esse. Recessuros, ut diuus Iulius recessisset, modo uirtutem maiorum suorum aemularentur. Neue proelii unius aut alterius euentu pauescerent : plus impetus felicibus, maiorem constantiam penes miseros esse. Iam Britannorum etiam deos misereri, qui Romanum ducem absentem, qui relegatum in alia insula exercitum detinerent ; iam ipsos, quod difficillimum fuerit, deliberare . Porro in eius modi consiliis periculosius esse deprehendi quam audere. |
De fait, l’absence du légat Suétonius Paulinus fit s’envoler la crainte des Bretons, qui se mirent à débattre entre eux des maux de la servitude, à mettre en parallèle les marques d’injustice, et, en les expliquant, à les accentuer : la résilience, disaient-ils, ne servait à rien, sinon à laisser s’ordonner des mesures plus pesantes en donnant l’image de durs au mal. Autrefois, les rois qu’ils avaient gouvernaient seuls ; maintenant, c’en était deux qu’on leur imposait : le légat faisait couler le sang, le procurateur s’en prenait aux biens. La discorde de ces chefs vaut bien, pour ceux qui leur sont assujettis, leur concorde. Sa troupe de centurions pour le premier, d’esclaves pour le second mêlent la violence aux insultes. Désormais, rien qui n’échappe à leur convoitise et à leur caprice. Dans le combat, c’est le plus courageux qui fait du butin ; mais maintenant, ce sont la plupart du temps des gens lâches et inaptes à la guerre qui pillent leurs maisons, enlèvent leurs enfants, imposent des levées, eux qui ne semblent pas savoir que l’on ne meurt que pour sa patrie. Quel petit nombre de soldats, en effet, a effectué la traversée, si les Bretons veulent bien se compter ? C’est ainsi que les Germanies ont secoué le joug : et eux, c’était un fleuve, et non l’Océan, qui les défendait. Les Bretons avaient leur patrie, leur épouse, leurs parents pour les pousser à la guerre ; les Romains, leur cupidité et leur goût du luxe. Ils feront retraite, comme le divin Jule avait fait retraite, pourvu que les Bretons prissent exemple sur la valeur de leurs ancêtres. Qu’ils ne s’effraient donc pas de l’issue de tel ou tel combat : si l’impétuosité va avec la fortune, une plus grande constance est la marque des malheureux. Déjà les dieux prennent pitié des Bretons en tenant absent le chef romain et son armée, reléguée sur une autre île ; déjà, eux-mêmes sont en délibération, ce qui était le plus difficile. D’ailleurs, dans les conseils de ce genre, il est plus dangereux d’être pris sur le fait que d’oser. |