Nerone quartum Cornelio Cosso consulibus, quinquennale ludicrum Romae institutum est ad morum Graeci certaminis, uaria fama , ut cunta ferme noua. Quippe erant qui ferrent Cn. quoque Pompeium incusatum a senioribus, quod mansuram theatri sedem posuisset. Nam antea subitariis gradibus et scaena in tempus structa ludos edi solitos, uel si uetustiora repetas, stantem populum spectauisse, ne, si consideret theatro, dies totos ignauia continuaret. Spectaculorum quidem antiquitas seruaretur, quotiens praetor sederet, nulla cuiquam ciuium necessitate certandi. Ceterum abolitos paulatim patrios mores funditus euerti per accitam lasciuiam, ut, quod usquam corrumpi et corrumpere queat, in urbe uisatur, degeneretque studiis externis iuuentus, gymnasia et otia et turpes amores exercendo, principe et senatu auctoribus , qui non modo licentiam uitiis permiserint, sed uim adhibeant [ut] proceres Romani specie orationum et carminum scaena polluantur. Quid superesse, nisi ut corpora quoque nudent et caestus adsumant easque pugnas pro militia et armis meditentur ? An iustitiam auctum iri et decurias equitum egregium iudicandi munus expleturos, si fractos sonos et dulcedinem uocum perite audissent ? Noctes quoque dedecori adiectas, ne quod tempus pudori relinquatur, sed coetu promisco , quod perditissimus quisque per diem concupiuerit, per tenebras audeat. (21) Pluribus ipsa licentia placebat, ac tamen honesta nomina praetendebant . Maiores quoque non abhorruisse spectaculorum oblectamentis pro fortuna quae tum erat, eoque a Tuscis accitos histriones, a Thuriis equorum certamina ; et possessa Achaia Asiaque ludos curatius editos, nec quemquam Romae honesto loco ortum ad theatrales artes degenerauisse , ducentis iam annis a L. Mummi triumpho, qui primus id genus spectaculi in urbe praebuerit. Sed et consultum parsimoniae , quod perpetua sedes theatro locata sit potius quam immenso sumptu singulos per annos consurgeret ac destrueretur. Nec perinde magistratus rem familiarem exhausturos aut populo efflagitandi Graeca certamina [a] magistratibus causam fore, cum eo sumptu res publica fungatur. Oratorum ac uatum uictorias incitamentum ingeniis adlaturas ; nec cuiquam iudici graue aures studiis honestis et uoluptatibus concessis impertire. Laetitiae magis quam lasciuiae dari paucas totius quinquennii noctes, quibus tanta luce ignium nihil inlicitum occultari queat. |
Sous le consulat de Néron, pour la quatrième fois, et de Cornelius Cossus, les jeux quinquennaux furent institués à Rome à la manière des compétitions grecques ; ce fut une rumeur diverse qui l’accueillit, comme presque tout ce qui est nouveau. De fait, il y en avait pour rapporter que Cn. Pompée aussi avait été accusé par les anciens pour avoir donné un site pérenne au théâtre. En effet, continuaient-ils, auparavant, c’était sur des gradins construits à l’improviste, sur une scène construite pour l’occasion que l’on donnait les jeux, ou alors, pour prendre des exemples plus anciens, le peuple assistait debout au spectacle afin d’éviter, en lui permettant de s’asseoir dans un théâtre, qu’il ne passât toutes ses journées dans l’inaction. Du moins, il fallait que l’on conservât les anciens usages des spectacles, quand c’était le préteur qui les présidait, sans qu’aucun citoyen ne fût forcé à y participer. D’ailleurs, les mœurs des anciens, peu à peu supprimées, seraient complètement détruites par des débauches venues d’ailleurs : de cette façon, les éléments qui, partout, pouvaient être corrompus ou corrompre eux-mêmes, on les verrait à Rome, et la jeunesse s’abâtardirait par l’étude de disciplines étrangères, en s’exerçant au gymnase, aux activités oiseuses, à des amours honteuses, sous l’autorité du Prince et du Sénat – eux ne se contentaient pas d’autoriser par leurs vices la licence, ils forçaient l’élite de Rome à se souiller sur la scène, sous l’apparence de la rhétorique et de la poésie. Que restait-il, sinon de mettre à nu aussi leur corps, de prendre le ceste et de se préparer au pugilat plutôt qu’au service militaire et aux armes ? Ou bien la justice sortirait-elle grandie, les décuries de chevaliers rempliraient-elles leur excellente charge de juges en entendant avec art les sons lascifs et la douceur de ces voix ? Et on rajoutait aussi les nuits à l’opprobre afin de ne laisser aucun moment à la retenue : dans ces assemblées mêlées, que les personnes les plus dépravées osent au cœur des ténèbres ce dont ils ont conçu le désir en plein jour ! (21) Un plus grand nombre approuvait cette licence pour elle-même ; néanmoins, ils lui donnaient, en guise de prétexte, des noms acceptables. Nos ancêtres, eux-aussi, à les entendre, n’avaient pas rejeté avec horreur les divertissements apportés par des spectacles à la mesure de la fortune de leur époque : pour cette raison, on était allé chercher les histrions en Étrurie, les compétitions équestres de Thourioi ; une fois maîtres de l’Achaïe et de l’Asie, ils donnèrent des jeux avec plus de soin, et personne à Rome qui fût né dans une bonne famille ne s’était abâtardi dans la discipline théâtrale. Il y avait eu deux cent ans depuis le triomphe de L. Mummus qui fut le premier à donner ce genre de spectacle dans la ville. Mais l’on avait aussi réfléchi à l’épargne : de fait, on avait préféré donner un site permanent au théâtre que d’attribuer une immense somme chaque année à sa construction et à sa destruction. Voilà ce qui changerait : les magistrats n’épuiseraient plus leur patrimoine familial, et le peuple n’aurait plus de raison de réclamer aux magistrats des compétitions à la grecque, puisque cette dépense, c’est l’État qui s’en acquitterait. Les victoires des orateurs et des poètes stimuleraient les esprits, et l’on ne trouverait pas fâcheux qu’un juge accorde son attention à des disciplines et des plaisirs honorables. C’est à la joie bien plus qu’à la débauche que ces quelques nuits en cinq ans seraient consacrées, où la multiplication des lumières rendrait impossible de cacher quoi que ce soit de répréhensible. |