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Voix de la Foule chez Tacite

Extemplo Libyae magnas it Fama per urbes, / Fama, malum qua non aliud velocius ullum [...]

(Virgile, Énéide, 4.173-174)

Illustration médiévale de la Fama

Illustration de l'édition Brant de l'Énéide, Strasbourg 1502

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En jaune, les termes renvoyant à une vocalisation collective. En vert, le discours indirect rattaché à la foule.

21/430 [Ann] I, 49 Purge dans les légions rebelles de Germanie
Les chefs organisent une épuration interne des légions rebelles de Germanie, la « partie la plus saine du camp » (quod maxime castrorum sincerum erat, Tac., Ann., 1.48) se chargeant d'éliminer, de nuit, les meneurs de la sédition.
Diuersa omnium, quae umquam accidere, ciuilium armorum facies. […] Clamor, uulnera, sanguis palam, causa in occulto ; cetera fors regit. Bien différent de tous les combats jamais advenus pendant les guerres civiles, ce spectacle. Seuls les clameurs, les blessures, le sang étaient évidents ; la cause, elle, invisible ; du reste, c’est le hasard qui règne.
22/430 [Ann] I, 49 Volonté de l'armée de Germanie de faire campagne contre les Germains
En réaction aux troubles internes des légions de Germanie, les troupes décident de marcher à l'ennemi, les barbares germains..
Truces etiam tum animos cupido inuolat eundi in hostem, piaculum furoris ; nec aliter posse placari commilitonum manis, quam si pectoribus impiis honesta uulnera accepissent. Ces esprits encore farouches sont alors pénétrés du désir de courir contre l’ennemi : ce sera là l’expiation de leur folie ; le seul moyen d’apaiser les mânes de leurs compagnons d’armes était de recevoir dans leur poitrine impie d’honnêtes blessures.
23/430 [Ann] I, 64 Attaque des Germains sur l'armée d'A. Caecina Severus
La retraite de l'armée de Germanicus à travers le territoire germain conduit la partie menée par le légat A. Caecina Severus à affronter des escarmouches germaines, dans la zone des Pontes Longi.
Barbari perfringere stationes seque inferre munitoribus nisi , lacessunt, circumgrediuntur, occursant : miscetur operantium bellantiumque clamor . Les barbares s’efforçaient de détruire les postes et de se porter au-devant des soldats qui travaillaient aux fortifications ; ils les harcèlent, les entourent, les attaquent ; les clameurs des travailleurs et des soldats se mélangent.
24/430 [Ann] I, 65 Attitude contrastée des Romains et des Germains entre deux batailles
La nuit sépare les affrontements entre les Germains et la partie de l'armée romaine conduite par Caecina ; Tacite décrit l'ambiance (sonore) contrastée entre les deux camps.
Nox per diuersa inquies, cum barbari festis epulis, laeto cantu aut truci sonore subiecta uallium ac resultantis saltus complerent, apud Romanos inualidi ignes, interruptae uoces atque ipsi passim adiacerent uallo, oberrarent tentoriis, insomnes magis quam peruigiles. […] Infectos caeno aut cruore cibos diuidentes, funestas tenebras et tot hominum milibus unum iam reliquum diem lamentabantur. La nuit fut agitée pour des raisons opposées : chez les barbares, banquets festifs, chants de joie et bruits farouches emplissaient la partie inférieure de la vallée et les bois en écho ; du côté des Romains, c’étaient des feux fragiles, des voix qui s’interrompaient ; eux-mêmes, çà et là, étaient allongés le long de leur palissade, errant parmi les tentes sans être capables de dormir bien plus que parce qu’ils veillaient. […] En partageant leur nourriture souillée par la boue ou le sang, ils déploraient ces ténèbres funestes et ce qui était désormais, pour tant de milliers d’hommes, le dernier jour de leur vie.
25/430 [Ann] I, 68 Charge des Romains sur les Germains
La contre-attaque de l'armée de Caecina scelle la victoire romaine ; Tacite nous décrit les cris de guerre que poussent les légions en chargeant.
Postquam haesere munimentis, datur cohortibus signum cornuaque ac tubae concinuere. Exim clamore et impetu tergis Germanorum circumfunduntur , exprobrantes non hic siluas nec paludes, sed aequis locis aequos deos. Une fois [les Germains] bloqués par les défenses, l’on fait donner le signal aux cohortes ; les cors et les trompettes résonnèrent ensemble. De là, une clameur accompagne la charge et l’on se répand sur l’arrière-garde germaine, avec ces reproches : ce n’était pas là des forêts et des marais mais, sur un terrain égal, des dieux égaux.
26/430 [Ann] I, 69 Rumeur de la défaite de l'armée de Caecina en Germanie
Les vicissitudes des Romains lors de la campagne de Germanie ont fait circuler la rumeur d'une défaite des légions à Xanten (Castra Vetera).
Peruaserat interim circumuenti exercitus fama et infesto Germanorum agmine Gallias peti. Pendant ce temps, le bruit s’était répandu que l’armée avait été entourée et que les Gaules étaient gagnées par une armée de Germains hostiles.
27/430 [Ann] I, 70 Rumeur du naufrage de l'armée de Germanicus
Les difficultés que connaissent les deux corps d'armée commandés par Germanicus et P. Vitellius pendant leur retraite de Germanie font courir le bruit (où ? peut-être dans les castra du limes) du naufrage des légions.
Inpositae dein legiones, uagante fama submersas ; nec fides salutis, antequam Caesarem exercitumque reducem uidere. On fait ensuite embarquer les légions, alors que le bruit circulait qu’elles avaient été submergées ; et l’on ne croyait pas à leur survie avant de voir César et l’armée de retour.
28/430 [Ann] I, 76 Discussions et jugements à propos du comportement de Tibère face aux jeux
Tacite rapporte des jugements divers à propos du comportement sanguinaire de Drusus, fils de Tibère, lors des jeux des gladiateurs, et surtout de l'attitude de retrait de Tibère.
Edendis gladiatoribus, quos Germanici fratris ac suo nomine obtulerat, Drusus praesedit, quamquam uili sanguine nimis gaudens ; quo in uulgus formidolosum et pater arguisse dicebatur. Cur abstinuerit spectaculo ipse, uarie trahebant : alii taedio coetus, quidam tristitia ingenii et metu conparationis, quia Augustus comiter interfuisset. La direction d’un spectacle de gladiateur fut assumée par Drusus, qui l’avait offert au nom de son frère Germanicus et en son nom ; il le fit, se réjouissant par trop à la vue de ce sang, même vil ; cela eut pour conséquence l’effroi dans la foule, et le bruit que son père s’en était fâché. Pourquoi Tibère lui-même se tint-il à l’écart du spectacle ? On l’interprétait de diverses manières : les uns par son dégoût des rassemblements publics, certains par son caractère sévère et la crainte d’être comparé avec Auguste qui lui, en effet, y assistait avec bienveillance.
29/430 [Ann] I, 78 Revendications fiscales du peuple
Lors d'une occasion non précisée par Tacite (jeux ?), le peuple réclame la suppression d'une taxe (impôt du centième sur les ventes), sans réussite.
Centesimam rerum uenalium, post bella ciuilia institutam, deprecante populo, edixit Tiberius militare aerarium eo subsidio niti. Comme le peuple réclamait par des prières la suppression de l’impôt du centième sur les objets de ventes, que l’on avait établi après les guerres civiles, Tibère, par édit, affirma que le trésor militaire se fondait sur cette ressource.
30/430 [Ann] II, 2 Grogne des Parthes contre Vononès
Vononès, roi pro-romain envoyé chez les Parthes en 7/8 ap. J.-C., doit faire face à des jugements anonymes hostiles.
Et [Vononem regem] accepere barbari laetantes, ut ferme ad noua imperia. Mox subiit pudor degenerauisse Parthos : petitum alio ex orbe regem, hostium artibus infectum ; iam inter prouincias Romanas solium Arsacidarum haberi darique. Vbi illam gloriam trucidantium Crassum, exturbantium Antonium, si mancipium Caesaris, tot per annos seruitutem perpessum, Parthis imperitet ? Vonones fut accepté comme roi par les barbares, qui s’en réjouissaient comme d’ordinaire face à un nouveau commandement. Bientôt néanmoins survint un sentiment de honte : les Parthes s’étaient abâtardis ; ils avaient réclamé un roi venu d’un autre monde, un homme qui s’était imprégné du mode de vie de l’ennemi ; désormais, l’on considérait le trône des Arsacides comme une province romaine, et on le donnait comme tel. Où était donc passée la gloire d’un peuple qui massacrait Crassus et chassait Antoine si un esclave de César, rompu à la servitude pendant tant d’années, en venait à commander aux Parthes ?