Quod ubi auditum uulgatum que , maerere socii, fremere legiones . Orbari se fortissimorum uirorum auxilio ; ueteres illos et tot bellorum uictores, postquam in conspectu sit hostis, uelut ex acie abduci. Si prouincia [Narbonensis] urbe et salute imperii potior sit, omnes illuc sequerentur ; sin uictoriae columen in Italia uerteretur , non abrumpendos ut corpori ualidissimos artus . (29) Haec ferociter iactando, postquam immissis lictoribus Valens coercere seditionem coeptabat, ipsum inuadunt, saxa iaciunt, fugientem sequuntur . Spolia Galliarum et Viennensium aurum, pretia laborum suorum, occultare clamitantes, direptis sarcinis tabernacula ducis ipsamque humum pilis et lanceis rimabantur ; nam Valens seruili ueste apud decurionem equitum tegebatur. Tum Alfenus Varus praefectus castrorum, deflagrante paulatim seditione, addit consilium , uetitis obire uigilias centurionibus, omisso tubae sono , quo miles ad belli munia cietur. Igitur torpere cuncti, circumspectare inter se attoniti et id ipsum quod nemo regeret pauentes ; silentio, patientia, postremo precibus ac lacrimis ueniam quaerebant. Vt uero deformis et flens et praeter spem incolumis Valens processit, gaudium miseratio fauor : uersi in laetitiam, ut est uulgus utroque immodicum, laudantes gratantes que circumdatum aquilis signisque in tribunal ferunt. |
Lorsque l’on eût entendu et diffusé cet ordre de Fabius Valens, les alliés se mirent à s’affliger, les légions, à frémir. On les privait du secours des soldats les plus braves ; c’étaient des troupes anciennes, qui avaient vaincu dans tant de guerres, et quand l’ennemi était en vue, on les retirait de l’armée, ou presque ! Si une province [la Narbonnaise] était plus importante que Rome et que le salut de l’Empire, qu’ils se rendent tous là-bas ; mais si la clef de voûte de la victoire se trouvait en Italie, il fallait éviter de les leur arracher, comme les membres les plus robustes à un corps. (29) Avec ces paroles hardies, après que Valens leur eut envoyé des licteurs pour tenter de contenir la sédition, ils vont jusqu’à se jeter sur lui, lui lancent des pierres, le poursuivent. Ils ne cessaient de crier qu’il cachait le butin des Gaulois et l’or des Viennois, le prix de leur sueur ; les bagages du chef sont pillés, sa tente et même le sol sont fouillés avec les javelots et les lances – car Valens avait mis des habits d’esclave et se cachait chez un décurion de cavalerie. C’est alors qu’Alfenus Varus, préfet du camp, voyant la sédition s’éteindre peu à peu, y applique une mesure prudente : on interdit aux centurions d’organiser les tours de garde, on arrête de faire sonner la trompette qui appelle les soldats aux charges, en temps de guerre. Par conséquent, tous étaient paralysés ; sans voix, ils se regardent, prenant précisément peur de l’absence de chef ; c’était le silence, la soumission, enfin les prières et les larmes : ils réclamaient le pardon. Lorsque Valens s’avança, hirsute, pleurant et indemne contre tout espoir, ce furent la joie, le pathétique, l’amour : passant au bonheur – c’est la marque de foule de manquer de modération dans les deux sens –, ils le louent, le remercient et, l’entourant des aigles et des enseignes, le portent sur le tribunal. |