Trepidam urbem ac simul atrocitatem recentis sceleris, simul ueteres Othonis mores pauentem nouus insuper de Vitellio nuntius exterruit, ante caedem Galbae suppressus ut tantum superioris Germaniae exercitum desciuisse crederetur. Tum duos omnium mortalium impudicitia ignauia luxuria deterrimos uelut ad perdendum imperium fataliter electos non senatus modo et eques, quis aliqua pars et cura rei publicae, sed uulgus quoque palam maerere. Nec iam recentia saeuae pacis exempla sed repetita bellorum ciuilium memoria captam totiens suis exercitibus urbem, uastitatem Italiae, direptiones prouinciarum, Pharsaliam Philippos et Perusiam ac Mutinam, nota publicarum cladium nomina, loquebantur. Prope euersum orbem etiam cum de principatu inter bonos certaretur, sed mansisse G. Iulio, mansisse Caeare Augusto uictore imperium ; mansuram fuisse sub Pompeio Brutoque rem publicam : nunc pro Othone an pro Vitellio in templa ituros ? Vtrasque impias preces, utraque detestanda uota inter duos, quorum bello solum id scires, deteriorem fore qui uicisset . Erant qui Vespasianum et arma Orientis augurarentur , et ut potior utroque Vespasianus, ita bellum aliud atque alias cladis horrebant. |
La ville tremblait de peur devant l’horreur du crime qui venait d’être perpétré et craignait dans le même temps les anciennes mœurs d’Othon ; mais ce fut l’arrivée, en plus de cela, d'un nouveau rapport concernant Vitellius qui la terrifia. Cette information avait été contenue avant le meurtre de Galba si bien que l’on croyait que seule l’armée de Germanie supérieure avait fait défection. Alors, ce ne fut plus seulement le Sénat et l’ordre équestre (eux qui avaient une partie du pouvoir et qui se souciaient quelque peu du bien de l’État), mais aussi le peuple qui déplorèrent ouvertement que, parmi tous les hommes, ce soit les deux plus vicieux par leurs mœurs, leur mollesse et leurs excès, qui aient été choisis, presque fatalement, pour perdre l’Empire. On ne parlait plus désormais des exemples récents qu’avait fournis une paix cruelle, mais on évoquait le souvenir des guerres civiles : Rome tant de fois prise par ses propres troupes, l’Italie ravagée, les provinces pillées, Pharsale, Philippe, Pérouse, Modène, ces noms qui étaient connus pour avoir été des désastres publics. Le monde avait presque été réduit à néant même quand c’étaient des hommes de bien qui luttaient pour le principat, mais lors de la victoire de Jules César ou de celle d’Auguste, l’empire était resté debout ; la République serait restée debout sous la direction de Pompée et de Brutus ; mais désormais, en faveur de qui iraient-ils prier dans les temples ? Othon ou Vitellius ? Pour l’un ou pour l’autre, les prières seraient sacrilèges, pour l’un ou l’autre, les vœux seraient exécrables, car une seule chose était sûre : la guerre qu’ils se livraient ferait triompher le plus vicieux des deux. Il y en avait pour pressentir Vespasien et ses troupes de l’Orient, et même si Vespasien était préférable aux deux autres, la perspective d’une autre guerre et d’autres massacres les faisait frissonner. |