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Voix de la Foule chez Tacite

Extemplo Libyae magnas it Fama per urbes, / Fama, malum qua non aliud velocius ullum [...]

(Virgile, Énéide, 4.173-174)

Illustration médiévale de la Fama

Illustration de l'édition Brant de l'Énéide, Strasbourg 1502

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En jaune, les termes renvoyant à une vocalisation collective. En vert, le discours indirect rattaché à la foule.

n° 234 [Hist] I, 34-35 Rumeur de la mort d'Othon au camp des prétoriens
Après avoir hésité entre défendre le Palatin et prendre l'initiative de l'action contre Othon, Galba décide d'envoyer Pison au camp des prétoriens. La rumeur (fausse) de la mort d'Othon dans les Castra Praetoria se met à courir immédiatement après, déclenchant un vaste mouvement de foule (cf. Tac., Hist., 1.32 pour la présence de nombreux plébéiens devant le palais).
Vixdum egresso Pisone occisum in castris Othonem uagus primum et incertus rumor ; mox, ut in magnis mendaciis, interfuisse se quidam et uidisse adfirmabant, credula fama inter gaudentis et incuriosos . Multi arbitrabantur compositum auctumque rumorem mixtis iam Othonianis, qui ad euocandum Galbam laeta falso uolgauerint. (35) Tum uero non populus tantum et imperita plebs in plausus et immodica studia sed equitum plerique ac senatorum, posito metu incauti, refractis Palatii foribus ruere intus ac se Galbae ostentare, praereptam sibi ultionem querentes, ignauissimus quisque et, ut res docuit, in periculo non ausurus, nimii uerbis, linguae feroces ; nemo scire et omnes adfirmare, donec inopia ueri et consensu errantium uictus sumpto thorace Galba inruenti turbae neque aetate neque corpore resistens sella leuaretur. Pison à peine parti, une rumeur, d’abord vague et imprécise, surgit : on a tué Othon dans le camp. Bientôt, comme cela advient dans les grandes supercheries, certains affirmaient qu’ils y avaient assisté, qu’ils l’avaient vu, bruit auquel on croyait facilement parmi ceux qui s’en réjouissaient tout comme ceux qui y étaient insensibles. Beaucoup croyaient que la rumeur avait été créée et ornée par des Othoniens qui s’étaient alors infiltrés, répandant ces bruits réjouissants afin d’attirer Galba par un mensonge. Alors, ce ne fut plus seulement le peuple et la plèbe ignorante qui se répandirent en applaudissements et en manifestations excessives de zèle : la plupart des chevaliers et des sénateurs, la crainte passée, franchirent imprudemment les portes brisées du palais et se précipitèrent à l’intérieur pour se mettre en évidence devant Galba ; ils se plaignaient que la vengeance leur ait été ravie ; tous les plus lâches, ceux qui, comme le montra la suite, n’oseraient rien en situation de danger, étaient excessifs dans leurs mots, intrépides dans leurs paroles. Personne ne savait, tout le monde affirmait jusqu’au point où, défait par l’absence de vrai et le consentement de ceux qui étaient dans l’erreur, Galba, sa cuirasse saisie, ne pouvant résister à la foule en furie ni par son âge, ni par son corps, se fait porter en litière.