At Romae nondum cognito qui fuisset exitus in Illyrico, et legionum Germanicarum motu audito, trepida ciuitas incusare Tiberium quod, dum patres et plebem, inualida et inermia , cunctatione fincta ludificetur, dissideat interim miles neque duorum adulescentium nondum adulta auctoritate comprimi queat. Ire ipsum et opponere maiestatem imperatoriam debuisse cessuris, ubi principem longa experientia eudemque seueritatis et munificentiae summum uidissent. An Augustum fessa aetate totiens in Germanias commeare potuisse : Tiberium uigentem annis sedere in senatu, uerba patrum cauillantem ? Satis prospectum urbanae seruituti : militaribus animis adhibenda fomenta, ut ferre pacem uelint. |
À Rome cependant, on ne connaissait pas encore le dénouement des événements d’Illyrie, et l’on avait appris par ouï-dire le mouvement des légions de Germanie ; la ville, inquiète, se mit à accuser Tibère de tromper les sénateurs et la plèbe, ordres impuissants et désarmés, en feignant l’hésitation alors que, dans le même temps, les soldats se révoltaient sans que l’autorité, encore trop jeune, de deux adolescents ne puisse les mater. Il aurait dû y aller lui-même pour leur opposer la majesté de l’empereur : ils auraient cédé à la vue d’un prince doté d’une longue expérience et, par ailleurs, disposant souverainement des châtiments et des grâces. Quoi ? Auguste, quoique affaibli par la vieillesse, aurait pu se rendre tant de fois en Germanie, et Tibère, dans la fleur de l’âge, resterait assis au Sénat, à jouer au plus fin avec les discours des sénateurs ? On avait assez veillé à l’asservissement de la ville : c’était aux militaires qu’il fallait appliquer un calmant pour qu’ils veuillent bien porter la paix. |